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Connaître les signaux d'apaisement du chien

Connaître les signaux d’apaisement du chien est essentiel pour respecter ses émotions, prévenir les morsures et construire une vraie relation de confiance au quotidien. Ces signaux, décrits et popularisés notamment par Turid Rugaas, sont le cœur du langage canin, entre chiens mais aussi dans leurs interactions avec nous.

Qu’est-ce qu’un signal d’apaisement ?

Les signaux d’apaisement sont de petites postures, mimiques et micro-comportements que le chien utilise pour désamorcer un conflit, dire qu’il est mal à l’aise ou maintenir une interaction sociale calme. Ce ne sont pas des « caprices » mais une véritable langue vivante, que les chiens comprennent spontanément entre eux et que nous pouvons apprendre à lire.

On en a identifié plusieurs dizaines : certains très visibles (se figer, s’éloigner), d’autres extrêmement subtils (léchage de truffe rapide, clignement d’yeux, micro-détournement de tête). Comprendre ces nuances permet de repérer très tôt l’inconfort, bien avant que le chien ne grogne, ne montre les dents ou ne morde.



Signaux d’apaisement fréquents

Voici quelques signaux parmi les plus souvent observés, qui peuvent indiquer inconfort, stress ou volonté de calmer une situation.

- Bâillement, alors que le chien n’est pas fatigué (chez le vétérinaire, dans la rue, en séance d’éducation, etc.).
- Léchage rapide de la truffe ou des babines, parfois à peine perceptible.
- Détourner le regard ou tourner la tête sur le côté pour éviter un face-à-face trop intense.
- Renifler le sol soudainement en pleine interaction (chien, humain, environnement).
- Se figer, rester immobile quelques secondes, comme en « pause ».
- Cligner doucement des yeux, plisser ou fermer légèrement les paupières.
- Se secouer comme après la pluie, pour évacuer une tension ou une émotion forte.
- S’approcher en courbe, de côté, plutôt que de foncer tout droit vers l’autre.
- Lever une patte avant, se gratter, s’étirer, remuer la queue lentement et bas.

Pris isolément, un signal peut traduire autre chose (un vrai bâillement de fatigue par exemple). C’est l’ensemble du contexte, la répétition et la combinaison de plusieurs signaux qui permettent de conclure à un réel inconfort.


Inconfort, stress et prévention des morsures

Un même signal peut servir à la fois à apaiser l’autre et à s’auto-apaiser : le chien tente de calmer la situation, mais aussi de se rassurer lui-même. Beaucoup de chiens utilisent ces signaux en présence d’enfants trop brusques, de personnes qui les serrent dans les bras, ou lors de manipulations physiques vécues comme envahissantes.

Quand ces signaux sont ignorés ou punis, le chien n’a plus de moyens « polis » pour dire qu’il est mal à l’aise : il risque alors de passer directement au grognement, au claquement de dents ou à la morsure. Reconnaître et respecter les signaux d’apaisement, c’est donc une vraie démarche de prévention des accidents et de bien-être émotionnel du chien.


Communication chien–chien et chien–humain

Entre chiens, ces signaux structurent les rencontres, les jeux, les mises à distance et permettent d’éviter énormément de conflits physiques. Par exemple, deux chiens qui se croisent peuvent détourner le regard, marcher en courbe, renifler le sol, se secouer après une interaction un peu tendue : tout cela fait partie d’un « protocole » social normal.

Avec les humains, le chien utilise les mêmes codes, mais nous les interprétons souvent à travers un prisme humain (« il se moque », « il fait exprès », « il boude ») au lieu d’y voir une demande de calme ou d’espace. Apprendre ce langage, c’est donc apprendre à prendre en compte le point de vue de son chien, à ajuster sa posture, sa voix, sa façon de le toucher et de le regarder.


Comment réagir quand votre chien envoie ces signaux ?

Quand votre chien vous montre un ou plusieurs signaux d’apaisement, il vous dit qu’il a besoin que quelque chose change dans l’instant. Quelques pistes concrètes :  

- Faire une pause : interrompre l’interaction, desserrer l’étreinte, mettre plus de distance, ralentir le jeu.
- Adoucir votre communication : baisser le ton de la voix, éviter de le fixer dans les yeux, se tourner légèrement de profil, se mettre à sa hauteur sans se pencher sur lui.
- Modifier l’environnement : laisser plus d’espace, demander aux enfants de se calmer, s’éloigner d’un autre chien trop insistant ou d’un stimulus inquiétant.
- Valider son choix d’évitement : s’il s’éloigne, se cache, fait demi-tour, ne le force pas à rester ou à « dire bonjour ».

Il est aussi possible d’utiliser soi-même certains signaux pour l’apaiser : bâiller doucement, détourner le regard, marcher en courbe vers lui ou vers un autre chien peuvent contribuer à diminuer la tension.


Pourquoi tous les humains ne les voient pas (encore)

La plupart de ces signaux sont très discrets, surtout chez des chiens qui ont appris à « se faire petits » pour ne pas avoir de problèmes. D’autres chiens, plus expressifs ou plus stressés, en montrent énormément, tout le temps, ce qui peut passer inaperçu car cela devient « leur façon d’être » aux yeux de leurs humains.

Pour progresser, l’idéal est de :  
- Observer son chien en contexte neutre, détendu, pour connaître son « niveau de base » (posture, regard, mouvements habituels).
- Filmer des scènes du quotidien (rencontre avec d’autres chiens, câlins, jeux, sorties) et les revoir au ralenti pour repérer ce qui nous échappe en temps réel.

Cette démarche d’observation est au cœur d’un accompagnement en éducation bienveillante : elle permet d’ajuster les séances, de respecter les limites du chien et de construire des apprentissages dans le calme.



Le livre de Turid Rugaas : une référence incontournable

La behavioriste norvégienne Turid Rugaas a largement contribué à faire connaître et reconnaître scientifiquement les signaux d’apaisement. Son ouvrage « Les signaux d’apaisement, les bases de la communication canine » est aujourd’hui une référence internationale pour tous ceux qui souhaitent comprendre finement le langage du chien.

Dans ce livre, elle décrit de nombreux signaux, illustre leur usage en situation et explique comment adapter notre attitude pour respecter le chien et renforcer la complicité au quotidien. C’est un livre court, accessible, mais extrêmement riche, que chaque famille, éducateur ou professionnel du chien devrait avoir dans sa bibliothèque.  



Comment cet apprentissage transforme votre quotidien avec votre chien

En apprenant à lire les signaux d’apaisement, vous :  

- Comprenez mieux les « petits détails » du comportement de votre chien et ce qu’il ressent vraiment.
- Évites de le mettre involontairement en difficulté (jeux trop intenses, sollicitations trop fréquentes, contraintes physiques mal vécues).
- Améliores la qualité de vos séances d’éducation : un chien entendu, respecté dans ses signaux, progresse plus vite et avec plus de plaisir.
- Renforcez la confiance mutuelle : votre chien apprend qu’il peut exprimer ses émotions sans être puni ou ignoré.

Pour aller plus loin, la combinaison d’une lecture attentive de votre chien au quotidien, d’un accompagnement personnalisé en éducation bienveillante et de la lecture du livre de Turid Rugaas crée un socle solide pour une relation apaisée, respectueuse et profondément complice.

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